Une nouvelle initiative mondiale majeure pour protéger et connecter les zones naturelles, lancée lors de la réunion des Nations Unies sur les espèces sauvages

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

 

Samarcande, 14 février 2024 – La destruction, la dégradation et la fragmentation des habitats naturels constituent l’une des deux plus grandes menaces pour la faune sauvage migratrice. Une nouvelle initiative majeure a été lancée aujourd’hui lors de la réunion des Nations Unies sur les espèces sauvages qui se tient à Samarcande, en Ouzbékistan, afin de garantir que les zones importantes pour les espèces migratrices sont identifiées, protégées et connectées entre elles. Le Partenariat mondial pour la connectivité écologique (GPEC – Global Partnership on Ecological Connectivity) a été annoncé en marge de la 14e session de la Conférence des Parties (COP14) à la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS).

Lancé par la CMS, ce partenariat associe plusieurs organisations, dont le Center for Large Landscape Conservation (CLLC), Climate Chance, la Convention sur la diversité biologique (CDB), la Convention sur les zones humides (Ramsar), l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le Conseil international pour les initiatives écologiques locales (ICLEI), la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD), le Centre mondial de surveillance pour la conservation du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE-WCMC), et le Fonds mondial pour la nature (WWF).

La Belgique, la France, Monaco et l’Ouzbékistan comptent parmi les Parties à la CMS qui participent à cette nouvelle initiative.

« Le lancement de ce nouveau partenariat mondial est une réponse directe et immédiate à certaines des recommandations clés du rapport phare de la CMS sur l’état des espèces migratrices dans le monde, publié il y a seulement deux jours, à l’ouverture de la COP14. Le rapport appelle à une intensification des actions visant à identifier, protéger, connecter et gérer efficacement les sites importants pour les espèces migratrices. C’est exactement l’objectif de cette alliance, qui permettra de mobiliser dans le monde entier des actions en faveur de la connectivité écologique », a déclaré Amy Fraenkel, Secrétaire exécutive de la CMS.

L’objectif principal du Partenariat mondial pour la connectivité écologique est de garantir le maintien, l’amélioration et la restauration de la connectivité écologique dans les lieux importants pour les animaux sauvages migrateurs. Au cours de leur cycle de vie et de leurs déplacements saisonniers, les espèces migratrices dépendent d’un réseau de sites et d’habitats particuliers. Si beaucoup de ces zones ont été identifiées, toutes ne font pas l’objet de mesures de protection ou de conservation. En outre, l’identification et la cartographie de nombreux sites importants restent encore à faire. Les espèces migratrices doivent pouvoir atteindre ces zones, souvent situées au-delà des frontières nationales, et il existe de nombreux obstacles à leurs migrations, notamment des infrastructures linéaires telles que les routes, les voies ferrées et les clôtures, ainsi que d’autres types d’activités humaines.

Toutefois, la connectivité écologique ne concerne pas seulement les espèces migratrices. Elle joue également un rôle majeur dans la conservation de la biodiversité, la restauration des habitats ainsi que l’atténuation et l’adaptation au changement climatique dans les écosystèmes terrestres, d’eau douce et marins.

Définie par la CMS comme « le déplacement sans entraves des espèces et le flux des processus naturels qui soutiennent la vie sur Terre », la connectivité écologique est de plus en plus reconnue comme une priorité essentielle de la conservation à l’échelle mondiale. Elle était au cœur de la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies adoptée en 2021, « La nature ne connaît pas de frontières : la coopération transfrontière en tant que facteur clé de la préservation, de la restauration et de l’exploitation durable de la biodiversité » (A/75/L.73). Pilotée par les pays d’Asie centrale, où se tient la COP14 de la CMS, la résolution prie instamment tous les États membres des Nations Unies d’intensifier la coopération internationale et transfrontalière afin de maintenir et renforcer la connectivité écologique des habitats, des aires protégées et des écosystèmes transfrontaliers vulnérables ou faisant partie de l’aire de migration d’espèces particulières.

« La nature ne reconnaît pas les frontières créées par les humains. L’Ouzbékistan est parfaitement conscient de ce fait qui est illustré par les effets dévastateurs de l’assèchement de la mer d’Aral sur les populations humaines et la faune sauvage dans toute l’Asie centrale et au-delà. En contribuant au Partenariat mondial pour la connectivité écologique de la CMS, l’Ouzbékistan participe à un effort de protection des espèces migratrices à l’échelle de la planète. Cette collaboration montre que l’Ouzbékistan est convaincu par la capacité de la nature à unir les nations, et qu’il est nécessaire de déployer des efforts collectifs pour la protéger », a déclaré S.E. Aziz Abdukhakimov, Ministre de l’écologie, de la protection de l’environnement et du changement climatique de l’Ouzbékistan et hôte de la COP14.

L’importance de la connectivité écologique est également un aspect majeur du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, qui figure dans l’objectif A sur les écosystèmes, les espèces et la diversité génétique, ainsi que dans les cibles 2 sur la restauration, 3 sur les mesures de conservation par zone, et 12 sur l’amélioration des espaces verts et de la planification urbaine. Ce nouveau partenariat contribuera directement à la mise en œuvre de ces enjeux et d’autres aspects du Cadre mondial de la biodiversité.

Le partenariat portera sur quatre domaines clés :

  • Les données scientifiques et le suivi : Donner la priorité à l’intégration et à l’analyse des données scientifiques afin d’éclairer les mesures de conservation, tout en comblant les lacunes importantes en matière d’identification des habitats et d’évaluation des menaces.
  • Les politiques et la législation : Soutenir les prises de décisions fondées sur des données probantes afin d’améliorer les politiques et les lois qui favorisent la connectivité écologique en l’intégrant dans les objectifs mondiaux et les priorités nationales.
  • L’adoption et la mise en œuvre : Encourager l’application de stratégies de conservation de la connectivité par des projets et des initiatives tangibles, visant à établir des aires protégées bien connectées et des mesures de conservation efficaces à l’échelle des sites.
  • La sensibilisation et la diffusion : Accroître la compréhension et le soutien du public vis-à-vis de la connectivité écologique par des campagnes et du matériel de communication ainsi que des événements collaboratifs.

Des financements seront également recherchés pour soutenir la mise en œuvre des actions prioritaires.

 

Citations des organisations participantes et des Parties à la CMS

Madhu Rao, Présidente de la Commission mondiale des aires protégées de l’UICN

« La connectivité est un élément essentiel de l’intensification des mesures de conservation en vue d’atteindre des objectifs ambitieux en matière de biodiversité et de climat à l’échelle mondiale. Le Partenariat mondial pour la connectivité écologique est une initiative extrêmement opportune, qui catalysera les actions en faveur de systèmes connectés d’aires protégées et conservées à l’échelle mondiale. »

Gary Tabor, PDG, Center for Large Landscape Conservation

« La connectivité écologique a gagné en importance ces dernières années grâce à la collaboration d’innombrables personnes engagées. Ce partenariat mondial réunit désormais des institutions et leurs compétences collectives afin d’améliorer les solutions de connectivité en vue de protéger la nature dans un monde dynamique ».

Rafael Antelo (Ph.D.), Leader de l’Initiative « Wildlife Connect » et Coordinateur du projet de conservation du Pantanal et du Gran Chaco (PACHA), Fonds mondial pour la nature (WWF)

« Au WWF, nous sommes convaincus que la connectivité écologique représente l’enjeu majeur de notre époque.  Cependant, aucune entité n’est en mesure de parvenir à elle seule à l’objectif de connectivité. Ce partenariat est un pas en avant significatif dans notre capacité collective à garantir la connectivité à grande échelle, et le WWF est ravi d’y être associé. Ensemble, nous pouvons y parvenir ».

David Cooper, Secrétaire exécutif par intérim, Convention sur la diversité biologique (CBD)

« Le Secrétariat de la CDB se félicite de la mise en place de ce partenariat. Le maintien et la restauration de l’intégrité et de la connectivité des écosystèmes sont essentiels pour le rétablissement des espèces et la prestation de services écosystémiques. En rassemblant des professionnels et des experts, le partenariat aidera les pays à atteindre les objectifs et les cibles du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal ». 

Ingrid Coetzee, Directrice « biodiversité, nature et santé », Conseil international pour les initiatives écologiques locales (ICLEI) - Gouvernements locaux pour la durabilité

« Pour ICLEI, la participation au partenariat mondial en faveur de la connectivité écologique ouvre la voie à un avenir durable, renforce les actions locales en faveur des espèces migratrices et ouvre les portes à de nouvelles possibilités de collaboration pour la protection des espèces migratrices. »

Frances Davis, Leader de l’Initiative « Connectivity Conservation », PNUE-WCMC

« Le PNUE-WCMC se félicite de cette nouvelle initiative importante en faveur de la connectivité écologique. Nous sommes impatients de travailler avec des experts aux quatre coins du monde afin de rassembler des données pertinentes pour l’élaboration de politiques et de transformer ces données en actions concrètes. Cette initiative donnera l’impulsion nécessaire aux efforts mondiaux visant à protéger les espèces migratrices, à connecter leurs habitats et à restaurer des écosystèmes fonctionnels ».

Sénateur Ronan Dantec, Président, association Climate Chance

« Nous ne pouvons pas préserver l’inestimable faune africaine sans améliorer la connectivité, et nous ne pouvons pas préserver les corridors écologiques sans agir avec fermeté en faveur du développement des communautés locales. »

Ibrahim Thiaw, Secrétaire exécutif, Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD)

« Les espèces migratrices jouent un rôle crucial pour la santé de notre planète. Pour jouer leur rôle, ces espèces ont besoin d’une mosaïque bien connectée d’aires protégées et de corridors écologiques pour pouvoir se déplacer librement. Le rétablissement de la connectivité au sein et entre les aires protégées est considéré comme une priorité mondiale pour accroître leur efficacité dans la lutte contre la perte de biodiversité et le changement climatique. Ce nouveau partenariat nous aide à mettre en place un meilleur système qui préserve non seulement les espèces sauvages, mais aussi les paysages et les moyens de subsistance qui en dépendent ».

Jean-Philippe Siblet (Musée national d’Histoire naturelle) et Florent Merle (Agence française pour la biodiversité), France

« Les aires protégées ne peuvent jouer pleinement leur rôle dans la protection des espèces animales que si elles sont reliées entre elles. Ces connexions écologiques jouent un rôle crucial dans la conservation de la biodiversité et sont essentielles pour le flux de gènes, la réduction du risque de maladies zoonotiques et le déplacement des espèces. L’instauration et la protection de la continuité écologique, notamment au sein des corridors de migration, sont donc absolument essentielles ».

Hilde Eggermont, Directrice de l’Institut de recherche sur la nature et les forêts, Belgique

« La Belgique est heureuse d’apporter son appui au Partenariat mondial en faveur de la connectivité écologique. En s’appuyant sur un solide réseau de parties prenantes et de partenaires, cette initiative promet de renforcer nos engagements au sein du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal. En harmonisant les efforts à différents niveaux et en utilisant les dernières connaissances scientifiques pour orienter l’action gouvernementale, le partenariat recèle un immense potentiel. Une telle alliance offre des occasions uniques d’inspirer des mesures sur le terrain, en particulier dans un pays densément peuplé comme la Belgique ».

 

Sur la photo : Gabriel Oppler, spécialiste de la politique internationale et des partenariats, Center for Large Landscape Conservation ; Aaron Laur, International Connectivity Program, Policy & Partnerships Manager, Center for Large Landscape Conservation ; Frances Davis, Senior Programme Officer, UNEP-WCMC ; Ingrid Coetzee ; Director, Biodiversity, Nature & Health, ICLEI Africa and Global Cities Biodiversity Center ; Senator Ronan Dantec, President, Climate Chance Association ; Rafael Antelo (Ph.D.) Wildlife Connect Leader and PACHA Coordinator, WWF ; Madhu Rao, Président de la Commission mondiale des aires protégées de l'UICN ; Dr Musonda Mumba , Secrétaire général de la Convention sur les zones humides ; et le Dr. ) Wildlife Connect Leader et coordinateur PACHA, WWF ; Madhu Rao, président de la Commission mondiale des aires protégées de l'UICN ; Dr Musonda Mumba , secrétaire général de la Convention sur les zones humides ; S.E. Aziz Abdukhakimov, président de la Commission mondiale des aires protégées de l'UICN. Aziz Abdukhakimov, ministre de l'écologie, de la protection de l'environnement et du changement climatique de l'Ouzbékistan ; Amy Fraenkel, secrétaire exécutive de la CMS ; Gary Tabor, PDG du Center for Large Landscape Conservation ; Fernando Spina, conseiller pour la connectivité écologique nommé par la COP de la CMS ; Katharine Newman, vice-présidente chargée des infrastructures durables ; WWF US : © Anvar Zokirov

 

Notes aux éditeurs :

Lire : The Global Partnership on Ecological Connectivity: Concept Note

À propos de la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS)

En tant que traité environnemental des Nations Unies, la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS) offre une plateforme globale pour la conservation et l’utilisation durable des animaux migrateurs et de leurs habitats. Ce traité unique en son genre réunit des gouvernements et des experts de la faune sauvage afin de répondre aux besoins de conservation des espèces migratrices terrestres, aquatiques et aviaires et de leurs habitats dans le monde entier. Depuis l’entrée en vigueur de la Convention en 1979, le nombre de ses membres a augmenté et elle compte désormais 133 Parties originaires d’Afrique, d’Amérique centrale et du Sud, d’Asie, d’Europe et d’Océanie.
www.cms.int

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Pour plus d’informations, veuillez contacter :

Aydin Bahramlouian, spécialiste de l’information, Secrétariat de la Convention sur les espèces migratrices, +49 (0)228 815 2428, [email protected]

Last updated on 29 February 2024